Bonsoir à tous,
Voici l’histoire d’une détermination heureuse à quatre. Tout commence le 30 Mars lorsque je décide de faire une petite pause pour chercher sans trop y croire quelques Morilles sur la commune de Sériers à 965 mètres d’altitude. Je fais rapidement le tour du coin que je connais bien, sans succès, mais en retournant une branche morte posée sur un mur de pierres sèches, je découvre une multitude de petites étoiles saumon, presque pastel.
La journée reprend son cours et la branche attend bien sagement dans la voiture que la matinée se termine. Rentré à la maison, je regarde dans le BK sans rien trouver de bien convaincant.
Lorsque je fais un envoi à Rémy ou à Jean Pierre, nommer la photo que je leur poste par mail pour les informer de ce que je vais envoyer, est toujours un véritable tour de force. Ici j’opte pour Hyalinia, c’est à mes yeux, ce qui ressemble le plus à ma récolte… Hyalinia rosella, est rare selon les Suisses et ils ne présentent que celui-ci dans le genre, un peu plus violacé que le mien cependant. Le lendemain j’ai deux enveloppes prêtes avec d’autres espèces. Une pour Rémi qui contient le présumé Hyalinia, et une pour Jean-Pierre avec d’autres champignons. Je décide au dernier moment d’ouvrir l’enveloppe réservée à notre ami du Morvan pour lui ajouter les Hyalina saumons, estimant qu’ils méritent bien une photographie sous loupe binoculaire.
Entre le Cantal et l’Anjou, les champignons voyagent en train régional et prennent le temps de regarder le paysage, il leur faut au moins deux jours, parfois plus pour arriver. Pour ce qui est de la ligne Cantal Morvan, nous disposons du TGV postal. Toute enveloppe postée le soir arrive le lendemain. C’est une chance appréciable pour les photographies, les champignons fragiles et les gens pressés.
Quelques jours plus tard je reçois un mail de Rémy. Un de ces mail qui vous font plaisir tout en vous intimidant. Il s’agit en fait de la détermination de Jean-Paul Priou. Nous sommes en présence d'
Orbilia phragmotricha, une rareté récoltée deux fois en France à sa connaissance. Ce dernier me demande des compléments d’informations sur une récolte dont j’étais bien loin au départ d’imaginer l’importance, la chance du débutant…
Je rédige donc rapidement une réponse, mais n’ayant pas téléchargé Google Earth, et devant repartir au boulot, je laisse le soin à Jean-Pierre de rechercher l’endroit précis de l’heureuse découverte, ce qui est fait, et complété ensuite presque au mètre près par Jean-Paul Priou.
Nos grands mycologues ont compris l'utilité de cet outil américain, qui permet de donner les coordonnées de n'importe quel point du globe, à quelques mètres près.
Vous pouvez ainsi envoyer vos amis ramasser vos cèpes ou vos morilles en votre absence... si les conditions de la pousse sont réunies...
L’histoire se termine par l’envoi d’un petit morceau du support pour en déterminer l’essence afin d’en savoir un peu plus sur l’écologie de ce champignon peu récolté. Jean-Paul Priou ne tarde pas à nous répondre, il s’agit de peuplier.
Au début de ce message, je parle d’une détermination à quatre. Je pourrais ajouter à 3 têtes et une paire de jambes. Les jambes vous l’aurez compris sont Auvergnates. Je me considère en formation. J’étais grand débutant à la création de ce forum, et aujourd’hui je ne suis qu’un peu moins grand, mais toujours débutant. Si je dis cela, c’est parce que je pense qu’il y a de la place pour tout le monde en Mycologie, et qu’il est dans l’intérêt de tous de travailler ensemble. Il y a encore tellement de chemin à parcourir… J’apprends grâce à Jean-Pierre, Rémy, et grâce a vous qui postez des sujets sur le forum. Si nous avons aujourd’hui Orbilia phragmotricha dans la base de données, je n'y suis à vrai dire pour pas grand-chose. Sans mes trois correspondants, que je remercie, les petits bonbons roses auraient terminé leur carrière dans le dossier bien rempli des champignons inconnus. Deux ou trois récoltes répertoriées pour cet Orbilia « collectif », mais combien de fois celui-ci et d’autres peut-être encore plus rares ont-ils été observés par des promeneurs à mille lieues de nos préoccupations?
Nous avons tout à gagner à partager nos expériences, et à les « immortaliser » dans la base de données. Sans nous Mycodb ne serait pas ce qu’il est. Rémy, Jean-Pierre, Alex et d’autres ont fait jusqu'à présent un gros travail afin d’alimenter la base. Nous pouvons tous contribuer à rendre Mycodb encore plus riche et plus complet, Orbilia phragmotricha en est une belle illustration.
Comptons sur nous...
Gérard